Parallèlement aux événements dramatiques qui se déroulent en Ukraine impactant nos quotidiens et sur la chaîne d'approvisionnement mondiale de nombreux matériaux essentiels, il faut tenir compte de la situation de La Chine qui connaît actuellement sa vague épidémique la plus grande depuis l'épisode de Wuhan en 2020, entraînant d'importantes conséquences dans le monde des transports.
Depuis l'émergence de l'épidémie de Covid19 à Wuhan, la Chine est confrontée à sa plus importante propagation de l'épidémie. La ville de Shanghai est l'un des endroits les plus durement touchés, les autorités locales appliquent des mesures strictes de confinement avec des restrictions de déplacement. Cela n'est pas sans conséquences, car Shanghai est l'un des plus grands centres industriels de Chine, avec une forte concentration de fournisseurs des secteurs de l'automobile et de l'électronique. La ville-province abrite, en plus de ses 25 millions d'habitants, également le plus grand port à conteneurs et une plate-forme aéroportuaire internationale, qui figure parmi les dix premières au monde en termes de volume.
Avis d'annulations de vols et de blanksailing
La plupart des entrepôts et des usines sont actuellement fermés, et environ neuf camions sur dix ne sont plus opérationnels (freigthwave), le port et l'aéroport ont des opérations limitées. En raison du manque de main-d'œuvre et de marchandises, certaines compagnies maritimes ont annulé leurs escales à Shanghai et les compagnies aériennes ont également annoncé de nombreuses annulations de vols.
Les retards de navires ont augmenté depuis la mise en place du lockdown de Shanghai à la fin du mois de mars. Deux semaines plus tard, la congestion s'est étendue à la ville voisine de Ningbo-Zhoushan, un port utilisé comme alternative par de nombreuses compagnies maritimes pour éviter la pénurie de camionnage et la fermeture des entrepôts à Shanghai. Le 11 avril dernier, Bloomberg rapportait que plus de 197 porte-conteneurs étaient encore en attente sur les côtes de Shanghai et de Ningbo (+17% par rapport à il y a un mois), et par effet domino, d'autres ports seraient touchés comme Tianjin avec 54 navires en attente (+29% en un mois).
Maersk, le deuxième opérateur de porte-conteneurs, a annoncé la semaine dernière qu'il n'acceptait plus de réservations pour Shanghai pour les cargaisons réfrigérées et une partie des cargaisons dangereuses à partir du 14 avril.
D'un effet domino à un effet papillon
Depuis le début de la pandémie, dans le secteur du fret maritime, la situation des ports de grande Chine, dont sept figurent parmi les dix premiers au monde en termes de volume, donne le tempo des futures opérations de transport maritime mondial. On se souvient qu'en mai dernier, le terminal à conteneurs de Yantian, dans le port de Shenzhen, avait réduit sa productivité à 30 % pendant un mois pour éradiquer l'épidémie locale. Il a fallu des semaines après la réouverture du port pour éliminer l'arriéré de marchandises. Les effets se sont étendus aux États-Unis et à l'Europe, provoquant la congestion des ports et des temps de transit trois fois plus longs que la normale.
Depuis le confinement de Shanghai, l'impact immédiat se fait sentir sur les opérations en cours, principalement en Chine. À long terme, nos équipes s'attendent à des répercussions majeures en Europe d'ici un mois, notamment lorsque les stocks commenceront à s'amenuiser. La congestion et les pénuries d'équipements risquent de s'aggraver dans les semaines à venir.
Stabilisation des taux à des prix élevés
Sur le trafic d'exportation de la Chine vers l'Europe ou les États-Unis, les compagnies maritimes, regroupées en alliances, contrôlent la capacité et l'offre disponible. Face à une demande soutenue et aux perturbations de la chaîne d'approvisionnement, ce statu quo ne permet pas d'améliorer la qualité du service ou le temps de transit. Aucune réduction des taux de fret n'est non plus envisagée. Au mieux, nos équipes s'attendent à une stabilisation des prix à des niveaux élevés, hors surcharges carburant comme BAF et congestion portuaire.
Le ralentissement des exportations chinoises devrait soulager temporairement les ports congestionnés d'Amérique du Nord et d'Europe. Mais notre équipe prévoit qu'une cascade de cargaisons retardées suivra dès que les fermetures seront levées. Le volume des marchandises dépassera de loin la capacité de manutention des ports, les conteneurs engorgeront les terminaux plus vite qu'ils ne peuvent être transférés vers les transports terrestres, ainsi poussant les navires dans de longues files d'attente au large des ports. Et ceci, est une prévision que nos équipes envisagent à la condition que la pandémie à Shanghai, voire en Grande Chine, soit contenue dans les prochaines semaines.
Évaluez votre volume de fret et effectuez votre réservation dans les meilleurs délais.
Prendre en compte ces éléments et anticiper ces futures difficultés est déjà un premier pas pour pousser à une révision des chaînes d'approvisionnement et à une accélération des réflexions stratégiques en termes de délocalisation et de sourcing. En attendant, pour toutes les importations et exportations de Chine, notre équipe recommande :
- d'évaluer le volume de votre cargo et de placer vos réservations le plus tôt possible.
- de vous engager dans les plus brefs délais si le taux de fret est dans une fourchette de prix raisonnable et disponible.
- pour le fret maritime, d'être très réactif et d'accepter rapidement un espace inattendu causé par un short-ship (la cargaison est entrée dans le port et est dédouanée, mais pour diverses raisons, elle ne peut pas être chargée à bord à l'heure prévue et libère donc des espaces disponibles de dernières minutes) tant qu'il n'y a pas de contraintes pour vous d'avancer la date de livraison.
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